NOUVELLES - Mise à jour sur la crise climatique

Publié le 22 mai 2024

De nouveau cette année, l’enjeu de la crise climatique et la transition énergétique a été une priorité dans nos dialogues avec les entreprises, notamment celles du secteur des énergies fossiles et des services financiers.

Rappelons que 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée sur terre (en outre, le mois de juillet a été le mois le plus chaud depuis le début des enregistrements en 1880). Ce réchauffement cause déjà une augmentation significative du nombre et de la sévérité des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les canicules, feux de forêt, sécheresses, inondations et cyclones. Ceci a eu d’importantes répercussions socio-économiques. L’on estime que le réchauffement planétaire a causé 1,5 trillion USD de pertes économiques entre 2010 et 2019.

En matière de régulation, la SEC américaine a dévoilé de nouvelles normes de divulgation en matière de risques climatiques, comprenant notamment les émissions directes de GES, la gouvernance climatique et les risques au modèle d’affaires. Toutefois, il est décevant que ces nouvelles exigences omettent les émissions indirectes (portée 3) qui sont pour de nombreux secteurs plusieurs fois plus élevées que les émissions directes (portée 1 et 2).

Par ailleurs, Le Conseil canadien des normes d’information sur la durabilité (CCNID) a publié un projet de Normes canadiennes d’information sur la durabilité. Celles-ci s’inspirent des nouvelles normes du Conseil des normes internationales d’information sur la durabilité (ISSB) publiées en 2023.

Bien que tous les secteurs soient exposés aux risques climatiques, les producteurs de pétrole et de gaz ont un rôle particulièrement important dans la réduction des émissions de GES. Nous demandons aux sociétés pétrolières et gazières de réduire leurs émissions directes, mais aussi de modifier leur modèle d’affaires afin de réduire les émissions liées à leurs produits (de portée 3) et de tenir compte de la transition énergétique en cours. Nous leur demandons aussi d’appuyer les politiques publiques visant à réduire les émissions et accélérer la transition, ou du moins, à faire preuve de transparence lorsqu’elles s’y opposent.

Par ailleurs, nous demandons aux banques canadiennes d’être plus exigeantes envers leurs clients afin que ceux-ci réduisent leurs émissions de GES. Avec la publication de son Approche d’engagement clientèle envers le climat, la banque RBC a indiqué qu’il est possible de décrire les attentes en matière de plan de transition crédible. Nous encourageons les autres banques à adopter une telle approche et à clarifier les moyens utilisés pour assurer une progression rapide vers l’adoption de plans de transition réellement crédibles par leurs clients.

Les banques et la transition énergétique

Æquo mène un dialogue avec les banques sur le thème de la transition énergétique de leursclients corporatifs. Nous leur demandons de bien communiquer comment elles évaluent la crédibilité des plans de transition de leurs clients et de décrire les incitatifs en place pour encourager chez eux un réel alignement stratégique à l’objectif de l’Accord de Paris. Nos dialogues ont porté fruit, notamment dans le cas de CIBC qui a divulgué les grandes lignes de son analyse des plans de transition de ses clients. Toutefois, un développement important en 2023 fut la publication par RBC de son Approche d’engagement clientèle envers le climat : secteur énergétique qui décrit les critères utilisés pour évaluer les plans de transition énergétique et affirme qu’un client qui n’a pas de plan de transition pourrait être abandonné.

Les autres banques ont également amélioré leurs approches sans toutefois clarifier leurs attentes envers leurs clients en matière de transition. Les prochaines étapes sont d’amener les banques à bien décrire ce qu’elles entendent par plan de transition crédible, et surtout à fortement inciter les clients à développer de tels plans, dans une échéance rapprochée, faute de quoi un processus d’escalade devrait être enclenché, allant jusqu’à mettre fin à la relation commerciale avec un client qui ne progresserait pas ou pas assez rapidement. Nous avons identifié plusieurs bonnes pratiques, notamment chez quelques banques européennes et australiennes, qui ont des attentes claires et cohérentes envers leurs clients.

 

François Meloche, Directeur de l’engagement

Retour aux nouvelles